18/08/2010

La réussite du développement(2)

2- Le Pouvoir d’Achat : (P A)

Voilà un terme tellement galvaudé qu’on est en droit de se demander ce qu’il en reste dans notre pays. Le syndicat des salariés l’entend toujours par une augmentation des salaires. Le patronat le limite à un pourcentage du taux d’inflation comme augmentation de salaire ou le compense par une prime ponctuelle, ou opposer, un refus catégorique d’où la naissance des grèves des salariés dans les entreprises. Le commerçant y pense pour développer son chiffre d’affaires. Le chômeur centrafricain en parle en évoquant le non paiement et les arriérés chroniques des salaires des fonctionnaires, même si lui-même ne l’est pas. Enfin l’Etat y voit un instrument de gestion budgétaire dans sa version malthusienne des dépenses. C’est ainsi que depuis le Conseil National de Redressement (C N R) le salaire des fonctionnaires centrafricains ne cesse d’être ponctionné à volonté jusqu’à ce jour, sans effet.

Mais dans le principe cette solution de dernier recours existe; elle est plus efficace dans les entreprises accompagnée de rattrapage de cette réduction de salaire une fois que l’entreprise retrouve sa meilleure santé financière. Au niveau macroéconomique, c’est le couteau à la gorge des entreprises qui voient leur demande se rétrécir, le chiffre d’affaires baisser et leur mort certaine s’en suivre. Et l’on s’étonne après que notre économie est à l’étroit.

La définition qu’on en retient est que le pouvoir d’achat est la quantité de biens ou services obtenus par une unité monétaire. L’exemple qui suit illustre bien cette définition.



Si en janvier 2010 la ménagère centrafricaine disposant de 1000 F CFA achète 1kg de sucre et 1 boite de lait concentré sucré de 800g, on dira en février 2010 qu’il y’a maintien de son pouvoir d’achat si avec 1000 F CFA elle achète les mêmes articles (1kg de sucre et 800g de lait concentré sucré). Si en février 2010 elle achète 1kg de sucre et 800g de lait concentré sucré et que le commerçant lui rend 20 F CFA par exemple, alors il y’a gain de pouvoir d’achat soit par la baisse du prix de l’un des deux produits de 20 F CFA ou par la baisse des deux produits de 20 F CFA. Par contre on parle de perte de pouvoir d’achat si en février 2010 l’achat des mêmes produits oblige la ménagère centrafricaine à débourser 1020 F CFA au lieu de 1000 F CFA. Soit une perte de pouvoir d’achat de 20 F CFA soit par l’augmentation du prix de l’un des deux produits ou par celle des deux.

Seulement, dans la vie, nous consommons plus de deux produits. Et pour se faire une bonne idée de la tenue de son pouvoir d’achat, notre ménagère doit suivre son panier journalier sur un mois par exemple pour s’en convaincre, car les augmentations et les baisses des prix sont simultanées et se compensent.

Sujet difficile et complexe quant aux instruments de mesure du pouvoir d’achat. En France par exemple le calcul d’indice du niveau général des prix à l’école est loin des modèles économétriques de l’I N S E E ou des chambres de commerce et autres organismes étudiant le sujet. Dans la grande distribution, les revues spécialisées et les grandes enseignes ont aussi leurs méthodes appliquées surtout à chacune de leurs zones de chalandise, pour attirer les clients. A ce titre, le cas des carburants est révélateur de l’analyse de gain marginal (notion d’utilité marginale de l’école Autrichienne évoquée dans le texte 1 l’Entreprise) du pouvoir d’achat où le grand public va faire des kilomètres pour gagner 1 centime d’euro de baisse du prix du carburant par litre acheté pour faire le plein de sa voiture. Par exemple s’il lui faut un plein de 70 litres de carburant par semaine dans l’hypothèse où le prix se maintient sur 4 mois, il aura gagné (0.01euro) (70) (16)=11,20 Euros soit 7347,20 F CFA en 4 mois avec (1euro=656 F CFA), un gain supérieur au SMIC horaire de 8,86 Euros.

Mais le pouvoir d’achat suppose une volonté (ce que nous avons tous) et une capacité (ce qui nous manque très souvent) d’achat. Les causes sont nombreuses :

Le franc CFA monnaie nationale mais commune à 14 pays de la zone franc ne joue pas pleinement ses fonctions d’unité de compte, d’instrument de paiement et instrument de réserves. Pourtant fabriqué dans un système à base 10, elle a toujours fonctionné dans un système à base 2 (c’est-à-dire nos prix se terminent toujours par 0 ou 5) : 5F, 10F, 15F….si bien que la confusion qui s’y colle est mortelle. Alors que le SANGO, notre langue nationale, aurait dû nous alerter sur le sujet. Mais nous tous sommes passés à coté au point que le pays ainsi que la zone CFA ont perdu des milliards de Francs CFA et cela continue.



Les exemples qui suivent sont édifiants. Quand un parent vous demande :’’ MOU NA MBI PATA OTA ‘’ c’est 15 F CFA que vous lui donnez » au lieu de 3F CFA (1F CFA +2F CFA) et dans la série nous avons la litanie suivante

10 F CFA en Sango se dit PATA OUSSÉ alors que c’est PATA BALÉ OKO
100 F CFA en Sango se dit PATA BALÉ OUSSÉ alors que c’est PATA NGBANGBO ou PATA NGBANGBO OKO ou tout simplement NGBANGBO et au K M 5 c’est ‘’ NGBOHO’’
En conséquence de quoi tous les prix du type 1F CFA, 2F CFA, 3F CFA 6F CFA, 7F CFA, 8F CFA, 9F CFA n’existent pas tout simplement. Alors que le FRANC CFA est la monnaie qui a cours légal et un pouvoir libératoire non seulement au Centrafrique (c’est-à-dire l’Etat autorise sa circulation dans le pays et qu’aucun agent économique ne peut refuser son usage dans les échanges) mais aussi dans la zone de référence

Le constat est fortement inspiré de Mr Jacques AUSTRUI Professeur d’économie à la Sorbonne, auteur du ‘’scandale du développement qui affirme :’’Tout développement repose sur les valeurs du pays concerné’ Notre Sango nous en donne la preuve. Ainsi, depuis la colonisation, nous avons toujours su compter en Sango le Franc CFA y compris les centimes. Jugez-en vous-même.

En Sango : La richesse c’est MOSSORO
: L’argent c’est NGUINZA ou MOSSORO
: Le Franc c’est PATA ou PATA OKO ou FARANGA ou FARANGA OKO
: Les dizaines de centimes c’est MIYA ou MEYA (de 0,10 à 0,90)base 10 oblige
: Les unités de centimes c’est COPRO (de 0,01 à 0,09) base 10 oblige

Ainsi le candidat Elois ANGUIMATE est en mesure de vous publier ci-après un tableau nous permettant de compter de 0,01 F CFA à 1 000 000 000 (1 milliard de Francs de F CFA en Sango)



Ce travail n’est pas le fruit d’un philosophe qui a la tête en l’air ; bien au contraire, c’est un des outils puissants du maintien ou d’augmentation du pouvoir d’achat des centrafricains mais aussi du financement de notre économie(1)
Alors la question qui vient naturellement à la bouche, c’est pourquoi n’a-t-on pas fait usage de ses pièces ? Depuis l’indépendance, le Franc F CFA c'est-à-dire la pièce de 1 F CFA est rejetée par la pratique commerciale au Centrafrique prétextant que c’est de la monnaie ancienne. Et personne ne s’en émeut ! Si bien que les prix qui s’affichent dans le système à base 2 (0 ou 5) coutent très chers au pouvoir d’achat du consommateur centrafricain.

Des exemples pour l’illustrer : un commerçant qui fixe son prix après calcul à 13.50 F CFA ne peut pas vendre son produit car la pratique du marché affiche les prix à 10 F CFA et 15 F CFA. Dans ce cas, le bon sens veut que le commerçant ajuste son prix et pas à 10 F CFA, car il perd tout au moins sa marge unitaire, sinon vend à perte. Il va tout simplement vendre son produit à 15 F CFA. Autrement dit en plus de sa marge qu’il fixe librement et donc conséquente, il prend gratuitement 1,5 de F CFA par produit vendu. Et si un centrafricain consomme ce produit 2 fois par semaine toute l’année, il aura perdu sans raison aucune sur un seul produit (1,5*2*52)=156 F CFA l’an.

Un deuxième exemple, celui des boutiques du quartier qui vendent 2 bonbons à 25 F CFA. Pourquoi ne vend on pas un bonbon à 12,5 F CFA au lieu de cette vente forcée ? Ce qui fait perdre à la maman centrafricaine 12,5 F CFA qui auront servi à payer le même bonbon dans le temps, au cas où son fils en redemande, ou à faire face à un autre besoin de son enfant, ou tout simplement les garder par devers elle : une petite épargne de précaution ! Et si son fils adore le bonbon au point d’en consommer une fois par semaine toute l’année, sa maman aura perdu sur l’année sur le budget bonbon (12,5*52)= 650 F CFA ce qui vaut plus que le taux horaire journalier d’un ouvrier centrafricain.

Un dernier exemple sur la confusion que nous entretenons entre :
1 F CFA et 5 F CFA
2 F CFA et 10 F CFA
3 F CFA et 15 F CFA

Est une perte considérable dans le rapport de 1 à 5
Un centrafricain qui gagne 20.000 F CFA net par mois à qui son neveu demande 1 F CFA 3 fois par semaine toute l’année aura perdu en pouvoir d »achat (5*3*52)-(1*3*52)=624 F CFA
Et des exemples du genre sont légions dans notre pays qui étouffent la consommation des centrafricains, et donc l’économie nationale.

Pour les autorités monétaires et publiques sur lesquelles nous reviendront prochainement, ces phénomènes semblent anodins au point de voir les taux directeurs du marché monétaire se maintenir dans la moyenne de 6% sur des décennies ce qui est inconcevable pour les politiques de crédit en faveur des agents économiques de ce pays.
C’est pourquoi le candidat Elois ANGUIMATE dans les premières mesures en faveur du pouvoir d’achat de ses concitoyens a préconisé l’institution du carnet’’ consommer c’est épargner’’ dont le fonctionnement vous sera expliqué le moment venu...Véritable support de promotion du pouvoir d’achat, il viendra appuyer la généralisation des prix à deux(2) chiffres décimaux après la virgule dans la pratique des prix sous son mandat. Vous aurez à apprécier la différence avec l’arrogance de certains commerçants qui ne respectent pas le consommateur centrafricain.

La pratique des prix à deux chiffres décimaux après la virgule du genre 7,13 F CFA TTC doit consacrer la généralisation du discount sur le marché national pour que le centrafricain comprenne que le gain de pouvoir sain ne passe que par là où la concurrence tue la concurrence en faisant sortir du marché ceux qui ne suivent pas, en cassant toute velléité d’entente et de formation d’oligopole ou de duopole ou tout simplement de monopole. L’économie centrafricaine meurt de leurs rigidités. Le cas des eaux O BANGUI et de TANGUY est révélateur d’une entente certaine en duopole sur un produit de base pour le pays ; il vaut la peine de s’y attarder un peu.

Produit de grande consommation qui a l’avantage de résoudre le problème d’eau potable à Bangui et éventuellement sur le territoire national, O BANGUI au nom évocateur a été plébiscité à son lancement par un mix marketing très réussi : le produit dans un packaging bleuté rassure sur le produit qui a l’avantage par sa composition, sur son concurrent TANGUY de servir à la préparation des biberons de nos enfants et affichant par ailleurs un argument de compétitivité prix implacable à 350 F CFA malgré notre continentalité. Ce qui porte à réfléchir. O BANGUI se distribue même chez les boutiquiers du quartier. Seule la communication n’a pas été agressive comme nous l’aurions souhaitée. Mais qu’à cela ne tienne, le bouche à oreille a réussi le placement de ce produit sur le marché avec un zeste de fierté nationale. A coté, TANGUY nous offre un produit très basique dont la lisibilité du mix marketing laisse à désirer par son caractère standard au prix excessif de 750 F CFA.

Comme dans notre pays les bonnes nouvelles ne durent que le temps de leur annonce, nous étions désagréablement surpris par l’alignement subit du prix d’O BANGUI sur celui de TANGUY à 750 F CFA sans la moindre communication vers le consommateur centrafricain. Cette entente en duopole explique à elle seule cette non concurrence ? Comment O BANGUI peut elle nous expliquer sa renonciation à la conquête de part du marché national ? TANGUY et O BANGUI ont-elles créé sans que le public le sache un monopole qui ne dit pas son nom ? A cette question la réponse se trouve dans une relecture du bilan des deux(2) opérateurs économiques pour s’assurer si des opérations de haut de leur bilan nous confirment cette hypothèse. Au quel cas nous nous demandons ce que veut dire ministère du commerce ou chambre de commerce dans notre pays. ? En l’espèce, le passage d’une entente en duopole à un monopole est l’écrasement pur et simple du consommateur centrafricain.

Mais pour revenir à notre maman centrafricaine qui utilise l’O BANGUI pour le biberon et contre la soif de son bébé, la perte du pouvoir d’achat est de (750-350/350)100 = 114,28% soit 400 F CFA par litre acheté. Et si notre maman achète un pack de 6 litres par semaine toute l’année pour son fils, la perte du pouvoir d’achat se chiffre à :
(750*6*52)- (350*6*52) = (234000 F CFA - 109200 F CFA) = 25.800 F CFA. Un montant supérieur au salaire net mensuel d’un agent de sécurité ou alors plus de 3 fois le brut mensuel d’une serveuse (employée de service) dans un bar banguissois.

En tout état de cause la formation professionnelle et la bataille du pouvoir d’achat en faveur du consommateur centrafricain sont les leviers de la promotion de l’entreprise centrafricaine qui doit propulser le développement sectoriel dans la conquête de la paix et la prospérité objectif de Pacte Présidentiel. La décentralisation intégrale vient appuyer fortement la politique des prix bas sur le territoire national par le contrôle des mouvements des stocks à travers le pays. Des sanctions à l’inobservation des pratiques commerciales nouveau genre, la qualité des nouveaux commerçants centrafricains (NCCA), la quête de la meilleure qualité sanitaire des produits et des circuits de distribution, et l’introduction du marketing ou du merchandising dans le monde des affaires sont autant des outils de compétitivité nationale, puis à l’export que nos pôles de compétitivité ont mission d’ appliquer.

Vous l’aurez compris. Après la réforme de l’Etat, l’entreprise, le pouvoir d’achat du consommateur centrafricain et bientôt la réforme du système bancaire et financier de notre pays et l’export, le candidat Elois ANGUIMATE veut redonner, dans un circuit économique rénové, le rôle dévolu à chaque agent économique, ce qui n’a jamais été la préoccupation de nos dirigeants, mais conditions nécessaires à la formation et à la mesure des agrégats économiques et à la modélisation de nos équilibres macro économiques sujet de notre prochaine parution.

Elois ANGUIMATE

La volonté de dire, l’exigence de faire

(1)- 4e moyen de financement du pacte présidentiel


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