17/03/2010

QUAND LE CANDIDAT BOZIZE SE TROMPE

Ce n’est pas dans mes habitudes de commenter ce que font les autres candidats à l’élection présidentielle. Je déroge à cette règle parce que BOZIZE et les siens prennent leurs fantasmes pour de la réalité.

En effet, après avoir fait languir les siens qui désespéraient de ne pas le voir annoncer sa candidature à sa succession, usant outrancièrement des moyens de l’Etat, BOZIZE a enfin annoncé sa candidature. Cette annonce doit désormais rendre le jeu politique transparent pour tout le monde y compris pour ceux ou celles qui sont appelés à gérer ces élections dont le « griotisme » n’est plus à démontrer et laisse planer un doute très sérieux sur leur neutralité dans le processus électoral en cours. J’en veux pour preuve les récents propos tenus par le respectable Président du Haut Conseil de la Communication sur les ondes de la radio et à la télévision nationale interdite à l’opposition et aux démocrates, propos selon lesquels s’il ne tenait qu’à lui ce régime honni par la population resterait longtemps en place, le parti-pris d’une partie de nos forces de défense et de sécurité arborant fièrement des T-shirts ou des pagnes dont le ton et la couleur ne font aucun mystère sur leur engagement politique public au côté du pouvoir en place et de son candidat.

« La constitution, rien que la constitution ». J’ai cru rêvé en entendant ces mots sortir de la bouche de son grand fossoyeur et pourfendeur et repris en chœur par ses sbires. Lorsque BOZIZE appelle au respect strict de la constitution, je ne puis m’empêcher de me demander à qui il l’adresse ? A l’opposition politique coupable à ses yeux de torpiller la CEI alors qu’il est notoirement connu et admis de lui, dans sa rencontre avec la classe politique nationale en présence du Corps diplomatique, que cette opposition avait raison dans le bras de fer qui l’opposait au président de ladite commission ? Si tel n’était pas le cas, pourquoi a-t-il pris sur lui de signer le Décret n° 10.040 du 24 février 2010 modifiant partiellement les dispositions du Décret n° 09.323 du 03 octobre 2009, portant nomination des membres de la commission électorale indépendante (CEI) et ses modificatifs subséquents ?

« La constitution, rien que la constitution ». D’accord avec lui. Pourquoi ne donne-t-il pas raison une fois de plus à ceux qui rejettent, au nom du respect de cette constitution dont il se réclame et dont il est d’ailleurs le garant, le Décret n° 10.041 du 25 février 2010 portant convocation du corps électoral entaché d’irrégularités quant à la forme et au fond et le Décret n° 1à.049 du 02 mars 2010, portant découpage des circonscriptions électorales de 2010 sur une méconnaissance gravissime du RGPH de 2003 validé en 2005 et de la projection du nombre de la population centrafricaine 7 ans après ?

« La constitution, rien que la constitution ». Qui de BOZIZE et de l’opposition a maintes fois saisi la Cour Constitutionnelle pour non respect de cette constitution ?

Le diable n’est pas toujours celui qu’on croit. Mais comme dit un adage : il vaut mieux tard que jamais. La classe politique doit se féliciter de cet engouement du candidat KNK et non moins Président de la République sortant pour la défense de la constitution. Pourvu que ce ne soit pas un leurre et pour les besoins de la cause.

A dire vrai, entre un BOZIZE lisant un discours qu’on lui a préparé et celui s’exprimant spontanément en sango, c’est le second que je préfère.

Que cela soit dit entre nous : la constitution et toutes les lois républicaines qui en découlent ne sont un pis-aller. Elles ne s’appliquent pas quand on le veut et en fonction de ses intérêts particuliers.

Oui, Monsieur le Président de la République !

La constitution, rien que la constitution.

Oui, Monsieur le Président de la République !

Nous irons aux élections.

Mais c’est là que vous vous trompez.

Nous irons à ces élections non pas parce que vous l’aurez voulu comme vous l’avez exprimé le jour de l’annonce de votre candidature. Nous irons, vous et nous à ces élections parce que la Loi n° 09.009 du 03 août 2009, portant Code Electoral en République Centrafricaine nous l’impose. Nous irons, vous et nous, à ces élections dans l’esprit et le respect strict de la Loi n° 09.009 du 03 août 2009, portant Code Electoral en République Centrafricaine opposable à tout le monde.

A moins que vous ayez décidé de concourir seul et selon les règles à vous arrêtées.

N’en déplaise aux « louvoyeurs » qui, par facilité ou par ignorance, accuse à tort ou à raison l’opposition de faire des « petits » soucis de détail des sujets de blocage systématique. Ces « petits détails » que nous voulons voir corriger ne sont pas insignifiants comme on le croit. Ils sont la clé du succès ou de l’échec. Ce n’est pas pour rien que BOZIZE et son camp se dépêchent de nous prendre de court. Ils n’ont pas la volonté d’organiser des élections libres et transparentes. Sinon pourquoi se prendraient-ils comme ils le font ? Ils le savent. Ils n’ignorent pas que nous aussi nous nous savons.

Une fois de plus, laissons la Commission Electorale Indépendante (CEI) faire son travail dans la tranquillité. Quand elle aura fini, elle nous dira quand est-ce que nous irons voter. Si l’hypothèque du 10 juin 2010 hante le sommeil de BOZIZE et de son camp, ils n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes. Ils ont eu 5 ans pour se préparer sans aucun doute mais ils ne se sont pas aperçus qu’ils devaient en même temps préparer les élections de 2010.

Elois ANGUIMATE
Candidat Indépendant à l’élection présidentielle de 2010.

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